Le Tour des Annapurnas, c’est une randonnée emblématique pour les voyageurs qui se rendent au Népal. Ce trek est à la fois facile d’accès, adaptable selon votre voyage et accessible en termes de niveau. En plus, il permet d’accéder au col de Thorung La qui culmine à 5416m, ce qui fait une bonne introduction aux hautes altitudes (sachant que pour le Mont-Blanc, on parle de 4808m).
Alors clairement, il y a pleins de façons de faire le Tour des Annapurnas. Pour parler de ce que je connais, je vais vous partager mon expérience et l‘itinéraire que j’ai suivi pendant 9 jours. À savoir que je n’ai pas fait le Tour des Annapurnas dans son intégralité car cela demandait entre 15 et 18 jours et je voulais profiter de mon voyage au Népal pour voir d’autres parties du pays.
Pour commencer : les permis
Avant de vous lancer, il vous faudra le permis qui vous autorisera à accéder aux sentiers, le TIMS, et celui qui vous autorisera à entrer dans l’aire de conservation des Annapurnas, l’ACAP.
Ces deux permis peuvent être fait à Katmandou et à Pokhara.
À Katmandou, il faut se rendre au « Tourist service Center » qui se trouve ici.
Sauf changement, le centre ouvre de 9h à 15h tous les jours sauf le samedi où il ferme à 13h.
Quand on arrive là-bas, c’est un peu le bordel, il y a des bureaux un peu partout, des gens en train de rédiger des formulaires au milieu de la pièce… Pour faire simple, vous dîtes que vous voulez faire l’Annapurnas’s Circuit et on vous indiquera le bureau pour faire le TIMS, puis celui pour l’ACAP. Le bureau pour le TIMS se trouve au fond sur la droite et l’ACAP un peu avant sur la gauche.
Deux options pour le TIMS, soit un bon vieux formulaire papier, soit l’application qui bug une fois sur deux… On vous demande notamment le trek que vous allez réaliser, le point d’entrée et de sortie, les dates de début et de fin prévue (vous pouvez prévoir plus large, ça ne change rien au prix !), les numéros à appeler s’il vous arrive quelque chose ou encore le numéro de votre assurance s’il vous arrive quelque chose…
Niveau document à prévoir, vous n’avez besoin que de votre passeport (éventuellement de photocopie de passeport) et de photos d’identité. 4 c’est l’idéal, mais ils peuvent se débrouiller si vous n’en avez qu’une ou deux (ils feront des photocopies).
Une fois que le TIMS est fait, on vous envoie faire l’ACAP (encore un formulaire à remplir) puis vous devez retourner tout valider au bureau du TIMS (ça a l’air compliqué dit comme ça mais ils ont l’habitude et ça s’enchaîne vraiment bien !).
Niveau prix, on a payé 5000 NPR = 35 euros en tout, 2000 NRP pour le TIMS et 3000 NPR pour l’ACAP.
Les permis sont vraiment indispensables pour faire le trek, ils seront vérifiés et tamponnés plusieurs fois lors de votre randonnée.
Quand y aller ?
Les meilleures périodes pour vous y rendre sont :
- le printemps (mars à mai)
- l’automne (octobre à novembre).
J’ai fait ma randonnée du 08/11/22 au 16/11/22. Niveau météo, on a eu du grand soleil presque tous les jours. Pas un seul jour de pluie ou de neige. Les températures étaient plutôt agréables la journée tant qu’on marchait, mais vraiment très froide le soir et la nuit (très souvent du négatif). Et je vous parle même pas de la température à 5416m au niveau du col…
Quel itinéraire ?
Journée 1 : KATMANDOU – SYANGE
- Trajet en bus Katmandou – Besisahar : départ de la gare routière de Gongabu. Rien n’est écrit en anglais sur les bus, tout est en Népali, mais il y aura toujours quelqu’un pour venir vers vous et vous demander si vous allez à Pokhara ou à Besisahar. On a pris nos tickets au comptoir officiel de la gare routière donc pas de magouille. On a payé 600 NPR/personne = 4,20 euros pour le trajet jusqu’à Besisahar dans un petit bus local. On a quitté Katmandou vers 6h. Notre trajet a duré environ 8h30, je pense que c’est très variable selon les jours et les heures de départ car on a passé au moins deux heures dans les embouteillages pour quitter Katmandou.
- Arrivée à Besisahar vers 15h.
- Selon notre heure d’arrivée, on hésitait à dormir sur place, marcher jusqu’à Bulbhule ou prendre un 4×4 pour avancer un peu sur l’itinéraire. Les prévisions météo pour la semaine étaient catastrophiques, 30 cm de neige annoncée par endroit, et ça nous affolait un peu. Finalement, on a choisi de prendre un 4×4 (1000 NPR = 7 euros chacun, je pense qu’en cherchant plus ou en marchandant on aurait pu avoir moins mais bon on était claqué après le bus) qu’on a partagé avec 2 personnes pour aller jusqu’à Syange pour avancer sur le tracé et espérer éviter les grosses chutes de neige (à postériori, ne vous fiez pas du tout aux prévisions météo dans cette zone, il faisait très froid mais on a eu que du soleil pendant 10 jours et on a regretté d’avoir skipé la première portion pleine de sentiers dans les rizières, ça avait l’air vraiment joli !).
Journée 2 : SYANGE – DHARAPANI
- 22 km
- 1500 m de dénivelé positif,
- environ 8h30 pauses incluses
Journée 3 : DHARAPANI – CHAME
- 14 km
- 1200 de dénivelé positif
- environ 6h pause incluse
Journée 4 : CHAME – UPPER PISANG
- 13 km environ
- 1200m de dénivelé positif
- environ 6h pauses incluses
Journée 5 : UPPER PISANG – MANANG
- 18 km
- 800 de D+
- environ 6h pauses inclues
- arrivée à 3500m d’altitude
Journée 6 : MANANG – ICE LAKE – MANANG (jour d’acclimatation)
- 16km
- 1200m de dénivelé positif puis négatif
- passage à 4600m
- environ 6h
Journée 7 : MANANG – YAK KHARKA
- 9km
- 500 m de dénivelé positif
- environ 2h30
Journée 8 : YAK KHARKA – THORUNG PHEDI BASE CAMP
- 9km
- 500 m de dénivelé positif
- environ 2h30
- nuit à 4500 m
Journée 9 : THORUNG PHEDI BASE CAMP – MUKTINATH puis 4×4 jusqu’à JOMSON puis bus jusqu’à POKHARA (grosse journée)
- 14 km
- 900 m de dénivelé positif, 1700 m de dénivelé négatifs
- environ 10h de marche
- 4×4 « partagé » (3000 NPR = 21 euros pour la voiture entière) jusqu’à Jomson
puis bus Jomson – Pokhara (le nôtre partait à 14 heures et nous a couté 1700 NPR = 12 euros chacun) => ROUTE TRÈS DANGEREUSE (vraiment, je n’ai jamais vu une route aussi dangereuse), on a pris un 4×4 entre Muktinath et Jomson car je pensais que c’était à cet endroit que la route craignait, en fait elle était presque nickel mais c’est surtout entre Jomson et Beni que c’est hyper dangereux, j’aimerais dire que c’est plus safe en 4×4 sauf qu’ils roulent comme des tarés, croisent du côté du vide… Entre l’aéroport craignos de Jomson et la route horrible, je ne vois vraiment pas de solution safe pour faire le trajet retour… à part à pied. La portion entre Muktinath et Jomson c’est de la piste très poussiéreuse, mais après Jomson il y a plein de sentiers forestiers et ça a l’air vraiment joli. Si vous avez le temps, la fin de la boucle du Tour des Annapurnas a l’air vraiment sympa à pied.
Un guide ? Des sherpas ?
Beaucoup de randonnée au Népal nécessite un guide, mais pas celle du Tour des Annapurnas. Les chemins sont très empruntés et en pleine saison, vous croiserez toujours quelqu’un pour vous indiquer le chemin si vous êtes perdu. L’application Maps.me marche très bien pour tracer un itinéraire et voir les différents sentiers existants.
La seule limite serait que comme pour les routes, il y a beaucoup d’effondrement et donc des sentiers fermés. Toute la portion de sentier entre Tal et Dharapani n’était plus praticable et on a dû passer par la piste… Le guide vous permettrait d’éviter ce genre de surprise, mais au final, vous passerez quand même par la piste poussiéreuse comme tout le monde.
Concernant les sherpas, en ayant bien fait le tri dans votre sac et selon votre condition physique, c’est largement faisable de s’en passer. D’un autre côté, ça fait vivre les locaux… Je ne pense pas qu’il y ait de bonnes réponses, à vous de voir si vous avez les capacités pour porter votre sac et dans le cas contraire, si pouvez assumer que quelqu’un le fasse à votre place.
Comment se loger ?
Aucun intérêt de prendre la tente et de prévoir du bivouac, pour vivre l’expérience à fond, le mieux c’est d’aller dans les lodges qui se trouve sur le trajet. Vous traverserez pleins de petits villages où vous trouverez plusieurs dizaines de lodges qui font aussi restaurant.
Pas besoin de réserver, vous arrivez, vous demandez si vous pouvez dormir et pour combien (dans certains, vous pourrez vous arranger pour avoir la nuit gratuite en consommant tous vos repas chez eux, en pratique je ne l’ai pas fait, je trouvais que les prix étaient suffisamment bas et les gens déjà très pauvres…). Si certains lodges peuvent être complets, vous en trouverez toujours avec de la place, il y en a vraiment beaucoup et vous aurez l’embarras du choix.
Le seul endroit où il faut éviter d’arriver trop tard pour être sur d’avoir une place, c’est le base camp de Thorung Phedi ou le High camp qui ont peu de lodge pour le nombre de randonneurs surtout en haute saison. Mais bon, je pense qu’il y a moyen de loger tout le monde, au moins dans la salle commune si la situation le demande.
Faut pas s’attendre à de la grande hôtellerie. Les logements sont très rudimentaires, l’isolation, inexistante. La douche chaude est soit froide soit payante (une douche chaude gratuite à mon actif sur 9 jours de trek !). Les lits sont plus ou moins confortables. Nous avons eu à chaque fois de grosses couvertures dans les lodges que nous complétions de nos sacs de couchage (vu les températures qu’on a eues, juste les couvertures fournies n’auraient pas suffi). Bref, ça reste des logements de montagne pas chers, mais avec le minimum nécessaire. De toute façon, après une bonne journée de marche on n’est pas difficile et à peu près tout peut convenir pour dormir !
Au total, comptez entre 10 et 12 euros pour :
- la nuit
- le petit déjeuner
- le repas du soir.
Comment on mange ?
À part prévoir des en-cas ou des snacks pour pendant la rando (et encore il y a moyen d’acheter de quoi grignoter un peu partout), vous pouvez faire vos repas du midi et du soir dans les lodges.
Les cartes sont similaires d’un lodge à l’autre et les prix sensiblement les mêmes. Vous trouverez des plats locaux (comme les momos, les dal bhat…) ou parfois de la cuisine occidentale (pizza, pâtes…).
Qu’est-ce que je dois emmener ?
Niveau affaires, comme pour toute randonnée, je vous conseille de bien réfléchir votre sac pour éviter les kg supplémentaires.
Les indispensables sont pour moi :
- un sac de couchage (idéalement pour température autour de 0° voir moins si vous êtes frileux) = c’est tentant de faire l’impasse dessus, ça prend de la place, ça pèse et on peut se dire qu’il y a des couvertures dans les lodges mais vraiment, au moins en novembre, c’est indispensable.
- Une gourde filtrante lifestraw (grâce à ça, pas besoin d’acheter de bouteille en plastique, le seul point négatif de celle-là c’est que dans l’avion, avec un coup de pression, elle peut fuir un peu… mais je l’utilise depuis plus de trois ans maintenant et je ne suis jamais tombée malade !)
- des vêtements thermiques pour le soir +/- la nuit
- des vêtements de rando pour la journée
- de bonnes chaussures (j’avais des baskets de trail basse avec de super crampons) + sandale confort pour le soir
- un sac à dos de randonnée + sa poche étanche
- une trousse de secours avec petite pharmacie
- une bonne doudoune (compressible c’est mieux) + un coupe-vent/ k-way
- un pull chaud
- lunette de soleil + casquette + crème solaire
- tour de cou
- des gants bien chaud (en novembre à Thorung La promis, ça caaaaaille !)
- lampe frontale
- savon + serviette compacte.
Gérer son argent ?
Évidemment, il n’y a aucun distributeur une fois que vous serez lancé sur le trek et ne pensez même pas payer par carte.
Il faudra donc emmener suffisamment de liquide pour être sûr d’avoir de quoi faire durant le trek !
Pour vous donner une idée de combien prévoir, au total, ces 9 jours de trek m’ont couté 22 640 NPR soit 158 euros en incluant :
- le bus aller depuis Katmandou
- 4×4 aller Besisahar – Syange
- les nuits dans les lodges
- repas du matin, du midi, du soir, les gouters et boissons
- le 4×4 retour Muktinath – Jomson
- le bus jusqu’à Pokhara.
Soit un peu moins de 18 euros par jour.
Le mal des montagnes, comment faire ?
Vous pouvez vous être entraîné à marcher, vous ne pourrez pas vous préparer à l’altitude. Pas à CETTE altitude.
Le mal des montagnes dépend de la vitesse de votre ascension et vous ne pourrez voir que sur place si vous y êtes sensible ou pas. Sur les dernières portions de randonnée avant le col de Thorung La, il est tentant de fusionner les étapes pour gagner des jours mais c’est à éviter. À partir de 3000m, il faut ralentir la progression.
Manang et l’Ice Lake sont parfaits pour faire une journée d’acclimation : la randonnée jusqu’au lac est vraiment jolie et permet de dépasser les 4600m puis de redescendre. Ça vous permet de voir votre sensibilité à l’altitude et de commencer à habituer votre organisme.
Après 3000m, il ne faut pas dépasser 500m de dénivelé positif par jour pour les endroits où vous dormirez.
Les symptômes du mal des montagnes sont assez larges et vont du simple mal de tête à l’œdème aigu cérébral. En cas de symptômes graves, le meilleur traitement, c’est la redescente.
Pour conclure :
J’espère que vous aurez trouvé des réponses à vos questions dans cet article !
Pour résumer mon expérience, j’ai été plutôt déçue. Les paysages sont sublimes, surtout quand on se retrouve face aux hauts sommets, mais j’avais vu à pas mal d’endroits que ce trek était réputé pour être « un des plus beaux du monde » et au final, j’avais trop d’attente et la randonnée en elle même ne m’a pas enchantée pour plusieurs raisons.
D’abord, à cause des effondrements, beaucoup de passage (presque jusqu’à Manang) se faisait sur la piste. J’avoue qu’aller au Népal pour marcher sur une piste poussiéreuse empruntée par une multitude de 4×4 et de tracteurs a quelque peu gâché la magie du paysage et ce que j’aime dans la randonnée, à savoir la nature et silence.
Cet itinéraire est aussi très emprunté par les marcheurs et par endroit, surtout vers la fin quand on approche de Thorung La, on peut avoir la sensation d’être sur une autoroute. Mais bon, ça c’est mon côté solitaire qui parle, quand je marche, j’apprécie de pouvoir profiter des lieux seule de temps en temps !
Le dernier point négatif concerne la route entre Jomson et Pokhara… Vraiment, cette route est très dangereuse (plusieurs fois par an, des bus font des sorties de route pour finir dans la rivière plusieurs dizaines voir centaine de mètres plus bas…) et m’a vraiment marquée. L’avion n’est pas beaucoup mieux à mon avis (en mai dernier un avion s’est crashé sur cette ligne…). Je n’avais pas vu cette information avant de partir et découvrir ça quand tu es dans le bus en question n’est pas forcément des plus rassurant. Après, il faut faire la part des choses sinon on ne fait rien, mais vraiment, si vous ne faites pas tout le trek à pied… Réfléchissez bien avant d’y aller (je vous aurais prévenu !).
Si j’ai oublié des choses ou si vous avez des précisions, n’hésitez pas à en faire part dans les commentaires 🙂
Pour une expérience plus immersive, vous pouvez retrouver mes carnets de voyage juste ici :
Et n’hésitez pas à me suivre sur instagram pour ne rien rater 🙂
Nonette
[…] être allée à Katmandou, avoir passé dix jours dans les montagnes à marcher autour des Annapurnas et quelques jours à Pokhara, j’avais absolument envie de découvrir cet environnement à la […]
Salut,
Merci pour ton témoignage et blog.
Comme toi, j’aime les randos solitaires. Est-ce que tu conseillerais un autre trek au Népal ?
Pierre
Bonjour,
Non, désolée je n’ai fait que celle-là mais il y a énormément de circuits possible au Népal ! La région du Mustang a l’air magnifique, il existe également de jolies randonnées plus courte proches de Pokhara. Il y a vraiment de quoi faire et des circuits bien moins empruntés que le tour des Annapurna qui fait quand même « autoroute » des randonneurs.
Bonnes fêtes de fin d’année,
Nonette